Psychologie des Grands Maîtres
« La psychologie est le facteur le plus important aux échecs. » Alexandre ALEKHINE
Qu’en pensent les Grands Maîtres ? Quelles leçons pour l’Amateur ?
Grands Maîtres et psychologie
Deux écoles s’affrontent chez les Grands Maîtres d’échecs :
- la première considère la psychologie essentielle ;
- la seconde ne compte que sur les bons coups.
Éclaircissons la différence entre « psychologie » et « mental »:
La psychologie aux échecs transforme la bataille entre les pièces en un combat entre deux individus. Le joueur au style psychologique, pourra jouer ainsi volontairement des coups moins bons, uniquement pour déstabiliser son adversaire.
L’approche mentale consiste en une attitude du joueur pour lui permettre jouer dans les meilleures conditions possibles (concentration, acceptation du résultat, etc).
Lasker, le psychologue des échecs
Emmanuel Lasker (1868- 1941), 2ème champion du monde, a introduit aux échecs, le jeu « psychologique ».
Le Grand Maître Richard Reti, dans « Les grands maîtres de l’échiquier » nous dévoile le secret de Lasker :
« L’essentiel est pour lui, la guerre des nerfs. Il cherche tout d’abord, par l’intermédiaire de la partie d’échecs, à attaquer son adversaire psychologiquement. Il sait produire l’abattement nerveux qui est courant après une faute avant même que cette faute ne soit commise, et fait en sorte que cet abattement soit précisément l’origine et la cause de la faute à venir. Comment y parvient-il ? Il étudie les parties, la façon de jouer, les forces et les faiblesses des maîtres contre qui il doit jouer. Il ne cherche pas les meilleurs coups, mais les coups les plus désagréables à l’adversaire, et guide la partie sur les voies qui ne sont pas du gout de l’adversaire. «
Ses successeurs
Donnons la parole, aux champions du monde :
- » La psychologie est le facteur le plus important aux échecs » (Alekhine) ;
- » Je ne crois pas en la psychologie, je crois aux bons coups » (Fischer) ;
- » Il n’y a pas de sport plus violent que les échecs » (Kasparov) ;
- » Aux échecs, l’homme est son adversaire le plus dangereux » (Smyslov).
» Les échecs c’est un art, une science, un sport. » Anatoly KARPOV
Quelque soit l’époque, on compte autant d’avis que de joueurs. En réalité, tous les champions adoptent une approche équilibrée entre la technique, la psychologie et le mental.
Le cas Bobby Fischer
Comment expliquer la déclaration de Fischer : « je ne crois pas en la psychologie » ?
Fischer jouait exclusivement l’ouverture 1.e4. Pourtant, il débuta lors de la sixième partie du match de 1972, par l’anglaise 1.c4 ! Spécialiste mondial de la Najdorf, Bobby entamera aussi plusieurs parties par le début Alekhine !
Souhaitait-il simplement éviter les préparations théoriques de Boris Spassky ? Voulait-il gagner un avantage psychologique à la Lasker, avec ses débuts de seconde catégorie ?
Force est de constater, que son choix d’ouverture a profondément déstabilisé Spassky, sur le plan mental et technique.
Ne tombons pas néanmoins dans le piège, en réduisant l’approche mentale de Fischer à ses citations. A l’instar de ses illustres prédécesseurs, le génie de Brooklyn maitrisait aussi bien la technique, que les ressorts psychologiques les plus subtils.
Amateurs et psychologie
Pour le joueur amateur, la question se pose différemment.
En premier lieu, son objectif sera d’abord d’améliorer sa technique, puis d’affuter son approche mentale, et enfin d’appliquer éventuellement le jeu psychologique.
Le terme « psychologie » s’entend plus au sens du jeu en interaction avec l’adversaire. La préparation mentale est plutôt focalisée sur les capacités mentales et corporelles du joueur.
Une autre différence essentielle sépare l’amateur du Grand Maître : son niveau technique et son expérience.
L’arme psychologique de Lasker nécessite en effet:
- de ne pas commettre soi même des erreurs fatales ;
- d’être capable d’exploiter les erreurs provoquées chez son adversaire.
C’est pourquoi, cette approche est si difficile à utiliser…
En revanche, l’amateur trouvera dans l’approche mentale, un outil à sa portée pour se mettre en bonne condition de jeu et mieux exploiter ses capacités cognitives pendant la partie.
Et vous ? De quelle école vous sentez-vous le plus proche ? La technique, la psychologie le mental ? N’hésitez pas à partager votre point de vue dans l’espace commentaire tout en bas de cette page ^^ !
Si vous souhaitez en savoir plus sur le mental aux échecs, je vous invite à découvrir mes ouvrages .
Super article! Je trouve que le jeu du joueur « psychologique » est quand même plus agressif que l’approche « mental » qui, lui, compte davantage sur les ressources personnelles du joueur.
Merci waren ! ce débat existe en effet depuis que le jeu d’échecs existe : quelle est la meilleure approche psychologique ? Faut il privilégier l’attaque comme Fischer ou la défense comme Petrosian ? Tout reste ouvert ^^
En fait, selon votre article, deux approches différentes seraient adopté par différents joueurs, l’une qui suggèreraient la confiance en soi, et l’autre, davantage de pragmatisme.
Dans l’histoire du jeu d’échecs, tous les styles ont existé et coexisté , les attaquants, les défenseurs, ceux qui jouent les « bons » coups , ceux qui jouent le jeu psychologique. Le nouveau joueur cybernétique joue les bons coups…jusqu’à présent…peut être que l’évolution des intelligences artificielles (AI) va conduire les ordinateurs à adopter aussi un jeu psychologique pour se différencier des autres AI…